Rapport Villani : une question de périmètre

Nous nous en étions faits l’écho en septembre dernier, http://blog.qwamci.com/apres-france-ia-nouvelle-mission-confiee-a-cedric-villani/, le gouvernement a confié au député Cédric Villani une mission sur l’Intelligence Artificielle.

Ce dernier a rendu son rapport mercredi 28 mars, la presse s’en étant fait très largement l’écho, de façon plutôt positive. Ne boudons pas notre plaisir : QWAM travaille depuis de nombreuses années sur des programmes de recherche en Intelligence artificielle, bien avant l’engouement actuel, avec des partenaires comme le LIP6 de l’Université Pierre et Marie Curie. Un tel écho médiatique ne peut être qu’une bonne nouvelle.

Nous l’allons pas reprendre tout ce qui a été dit à ce sujet, notamment le détail de certaines mesures sauf peut-être celle qui consisterait à doubler le salaire des chercheurs en France afin d’éviter leur fuite. Le jeu des enchères est souvent dangereux en matière d’emploi et tous les chefs d’entreprise savent que si la rémunération est un élément essentiel, elle n’est pas le seul dans la décision d’un collaborateur d’aller voir ailleurs. En tout état de cause, cette proposition ne semble pas avoir été reprise par le Président Emmanuel Macron.

La publication du rapport Villani s’est accompagnée de l’annonce par de nombreuses grandes entreprises internationales de création et de développement de laboratoires d’Intelligence artificielle en France : Samsung, IBM, Microsoft, Facebook… toutes ont bien compris le rôle de l’État dans l’économie française et qu’une annonce comme celle-ci allait s’accompagner d’avantages particuliers. Autant rejoindre le  » club  » rapidement.

Le premier de ces avantages est l’excellente formation des ingénieurs et docteurs français, formations qui, pour l’essentiel, sont gratuites surtout en comparant leur coût avec celui des universités américaines. Or, ces deux caractéristiques, excellence et gratuité, sont un gigantesque avantage par rapport à des profils équivalents formés aux États-Unis car ceux-ci coûtent très chers parce qu’ils doivent rembourser de très gros emprunts contractés pour payer leurs études. Le Président Obama finissait juste de payer le sien au moment de son élection ! Alors qu’il n’y a pas ou peu d’emprunts à rembourser en France puisque le système éducatif est financé par le contribuable français. Espérons simplement que ces nouveaux embauchés, annoncés à grand renfort de presse, n’auront pas leurs bulletins de paie imprimés par une entreprise qui paie ses impôts à Dublin ou à Jersey.

Le rapport de Cedric Villani et les décisions qui ont été annoncées vont indéniablement représenter un  » accélérateur  » pour l’écosystème français. La question que beaucoup se posent est comment ces financements vont profiter efficacement aux PME françaises du secteur. Il y a une vitalité extraordinaire en Intelligence artificielle où de très nombreuses start-ups françaises ont su développer des technologies et des produits originaux mettant en œuvre de l’IA. QWAM en est un exemple avec le produit QWAM Text Analytics.

Faire de nos petites sociétés des champions nécessite que nous ayons résolu le problème de confiance qu’ont les grands donneurs d’ordre vis-à-vis d’entreprises jeunes et parfois fragiles. Or, le succès des grands noms américains de l’Internet a été possible grâce à la confiance de leurs grands comptes. Sans relancer le débat autour du Small Business Act, il est évident que la relation  » compliquée  » entre PMEs innovantes et Grands comptes reste à optimiser.

La volonté du gouvernement est de favoriser l’émergence de champions français pour leur donner la possibilité de le devenir au niveau européen puis mondial. La seule façon d’y arriver est que les grandes sociétés françaises soutiennent, de façon significative par leurs commandes, ces PMEs qui pourront alors devenir nos champions.


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